Qu'est-ce que la leishmaniose du chien ?

La leishmaniose est une maladie infectieuse causée par un parasite du genre Leishmania. La transmission se fait majoritairement par piqûre d’un vecteur arthropode hématophage porteur de la Leishmaniose : le phlébotome.

Il existe différentes formes cliniques plus ou moins sévères qui peuvent conduire à la mort de l’animal. Si le chien est l’espèce la plus atteinte par la maladie, il existe plus de 20 espèces de mammifères capables d’être infectées et de la développer : les chats, les rongeurs et les primates comme l’Homme (l’agent responsable de la zoonose est Leishmania infantum).

En France, on compte un à dix cas de leishmaniose pour mille chiens. On note l’apparition de centaines de nouveaux cas cliniques par an. La maladie est en extension car, bien qu’actuellement surtout présente dans le sud, les vecteurs remontent dans le Nord probablement à cause du réchauffement climatique et des conditions qui deviennent favorables. Il est aussi possible d’être confronté à des cas importés avec les vacances ou les déménagements dans toutes les régions françaises.

Leishmaniose : les parasites et les vecteurs

Les protozoaires appartenant au genre Leishmania sont de petits protozoaires unicellulaires qui ne possèdent qu’un seul flagelle. Leur multiplication se fait de manière asexuée par bipartitions simples répétées. Il y a donc peu d’échange génétique sauf si le vecteur est infecté par plusieurs espèces de leishmania et on observe des recombinaisons inter-espèces.

Le cycle de vie du parasite se fait par alternance entre un hôte vertébré et un hôte invertébré. La description précise de ce cycle n’est pas bien connue. Chez l’hôte vertébré, on retrouve le parasite sous forme amastigote sans flagelle. Chez le vecteur, le parasite se trouve sous forme promastigote (plus gros) avec un flagelle. Il va se développer, se multiplier, et devenir motile pour migrer dans les glandes salivaires : il pourra ainsi être expulsé lors du repas sanguin, lorsque le phlébotome pique le chien.

Les phlébotomes sont des diptères qui peuvent vivre en intérieur ou dans la nature, à des températures douces à chaudes. Ils se reproduisent dans des zones sombres et humides et leur cycle de reproduction dure seulement quelques semaines.
Le phlébotome infecte le chien en le piquant. Les parasites infectent ses macrophages et commencent leur multiplication après quelques jours. Si un autre phlébotome vient se prélever du sang sur le chien, il s’infecte et peut transmettre les Leishmanii à un autre animal.

Facteurs de risque pour le chien

Il existe plusieurs facteurs de sensibilité à la maladie. On peut citer d’abord l’âge du chien : la maladie est plus grave chez un jeune de moins de trois ans qu’un adulte plus âgé. Certaines races sont plus sensibles que d’autres : Boxer, Cocker, Rottweiler, Berger Allemand.
Il existe aussi des causes favorisant l’infection : un chien qui sort beaucoup, qui vit dans le Sud de la France où les vecteurs sont davantage présents (c’est dans les Cévennes que les phlébotomes vivent dans des conditions optimales), qui a un pelage court, …

Signes cliniques de la leishmaniose chez le chien

L’animal peut développer une des trois formes de la maladie :

  • Forme latente : la plus fréquente, elle est caractérisée par une absence de signes cliniques. L’incubation de la maladie peut durer plusieurs mois à années.
  • Forme chronique : les signes cliniques sont peu spécifiques. On peut relever une perte de poids, un appétit modifié, de la fièvre, un abattement, une pâleur des muqueuses, des troubles urinaires ou digestifs, des manifestations cutanées avec des pertes de poils et squames, des papules ou pustules voir une hyperkératinisation au niveau du nez, de la truffe et des pattes. Les signes cliniques peuvent persister pendant des mois voire des années de manière insidieuse jusqu’à ce que l’état de l’animal se dégrade subitement.
  • Forme aiguë : elle est très rare (seulement sur les chiots) avec des signes cliniques (fièvre intense, tremblements) qui conduisent à la mort rapide de l’animal.

Diagnostic de la leishmaniose et pronostic

Si le chien change de comportement et semble malade, il est raisonnable de l’amener dans les plus brefs délais chez le vétérinaire. Le vétérinaire commencera par poser des questions « larges » à propos des symptômes puis il pourra poser des questions sur son milieu de vie et les récentes activités (voyage dans une zone à risque par exemple) et sa protection vis-à-vis des parasites.

Des analyses sanguines pourront être effectuées pour étayer le diagnostic. En cas de leishmaniose, des modifications biochimiques sanguines peuvent être observées : une anémie non-régénérative (manque de globules rouges), hyperglobulinémie (quantité excessive de globulines dans le sang), augmentation du nombre de globules blancs (qui signent une infection), diminution du nombre de plaquettes sanguines…

Ces premiers signes biochimiques peuvent aider le vétérinaire à suspecter la maladie. Il pourra faire un diagnostic sérologique (immunofluorescence, PCR…).

Le pronostic dépend du stade de la maladie. Il existe quatre stades suivant la gravité des signes cliniques et les anomalies biologiques. Si le chien présente seulement un gonflement des nœuds lymphatiques et peu de modifications biochimiques, le pronostic sera bon (stade 1). Si il présente des lésions cutanées ou des signes généraux avec des anomalies sanguines, le pronostic sera bon à réservé. Si en revanche il présente des signes cliniques graves (maladie rénale, thromboembolie pulmonaire) et un syndrome néphrotique, le pronostic sera mauvais.

Traitement et prévention de la leishmaniose du chien

Malheureusement, peu de traitements sont disponibles et efficaces. En cas de leishmaniose avérée, les vétérinaires proposent souvent une bithérapie à base d’antimoniate de méglumine et d’allopurinol. D’autres traitements peuvent être mis en place pour traiter des manifestations cliniques : corticoïdes, protecteurs des fonctions hépatique et rénale, antiseptiques locaux, antibiothérapie.

Le suivi du traitement est très important pour permettre une véritable guérison clinique et éviter les rechutes.

Des suivis chez le vétérinaire pourront être réalisés pour vérifier l’état de l’animal (amélioration clinique ou récidive).

Il n’y a jamais de guérison totale malgré la mise en place d’un traitement qui permettrait de faire disparaître les symptômes. Le chien infecté devient réservoir toute sa vie (les vecteurs qui le piquent s’infectent et peuvent diffuser la maladie) ;

Il existe deux types de mesures défensives concernant la leishmaniose. La première est de protéger le chien vis-à-vis du phlébotome. Il existe des colliers insecticides ou des antiparasitaires applicables en spot-on qui sont vendus par le vétérinaire. La durée de la protection varie entre quelques semaines à plusieurs mois.

Il existe également une vaccination en France, dont la primovaccination peut être réalisée à partir de 6 mois en une seule injection. L’immunité se met en place quatre semaines après (il est important d’anticiper ce mois de réaction immunitaire pour un voyage en zone enzootique). Les rappels sont annuels et le vaccin est efficace à 70% (c’est-à-dire qu’il y a cinq fois moins de risques de développer une maladie clinique).

Le second moyen de lutte est de tenter de diminuer le nombre de phlébotomes. Avec le réchauffement climatique, les mesures mises en œuvre ne sont pas toujours efficaces… Pour l’instant, rien ne ralentit la progression de l’arthropode. Des moustiquaires et des insecticides sont efficaces. On peut aussi essayer de limiter sa prolifération en faisant attention à ses lieux de reproduction en zone humide (éviter de garder de l’eau stagnante dans le jardin par exemple).
Il est recommandé de ne pas promener le chien dans des lieux ou à des horaires où les phlébotomes seraient présents (endroits abrités du vent, humides, à côté de murs de pierre sèche).

La leishmaniose chez l’Homme

La maladie est causée par Leishmania major, tropica et aethiopica, que l’on retrouve surtout en Afrique et en Asie. Les lésions sont cutanées ou viscérale pour les formes les plus graves. On compte un peu plus de 20.000 morts de leishmaniose viscérale dans le monde. Plus d’un milliard de personnes vivent dans les zones enzootiques (dans lesquelles sont présents le protozoaire et le vecteur). En France, selon une étude d’ANOFEL en 2014, il y avait une vingtaine de cas de leishmaniose viscérale autochtone métropolitaine et plus de 200 cas d’importations.