Comment se manifeste la constipation chez le chat ?

Les chats en surpoids, sédentaires, âgés et dont la litière est mal entretenue ont plus de chance de développer des constipations. La constipation est une diminution de la fréquence des défécations associée ou non à des difficultés lors de l’évacuation de selles dures et sèches.

Lors d’une constipation sévère et prolongée, elle peut évoluer en « fécalome » (lorsque les selles forment une masse très dure et volumineuse que l’animal ne pourra plus éliminer normalement). Cette grosse masse peut distendre l’abdomen et provoquer des lésions nerveuses. Le stade le plus poussé de la constipation peut se traduire par ce qu’on appelle un « mégacolon ». Le colon du chat va se distendre fortement, jusqu’à la rupture des fibres musculaires, ce qui peut entrainer une perte totale de sa fonctionnalité. Dans ce cas, il peut y avoir des lésions nerveuses, musculaires et des lésions de la paroi du colon qui pourront entrainer de potentielles des récidives. Le mégacolon est plus fréquemment observé chez les chats de race européen et siamois, et affecte à 70% les mâles de plus de cinq ans.

La constipation peut être catégorisée comme faible si elle est de courte durée et disparait après un traitement. Elle est qualifiée de modérée si elle dure plusieurs jours et qu’elle est récidivante. Enfin, elle peut être qualifiée de sévère si elle entraine une baisse de l’état général et des complications allant jusqu’au mégacolon.

Les symptômes qui découleront de ce problème digestif seront donc des difficultés à déféquer et la diminution de la fréquence des selles, parfois malgré une envie continuelle d’aller à la selle sans y arriver. Des vomissements, un mal de ventre et une baisse de l’état général peuvent aussi être observés (si votre chat semble fatigué, ne veut plus manger, a de la fièvre…). Attention, des problèmes urinaires peuvent aussi être à l’origine de signes similaires, avec une envie continuelle d’aller à la litière.

Pourquoi mon chat n’arrive-t-il pas à faire ses besoins ?

Plusieurs causes sont possibles si votre chat ne défèque plus correctement :

  • Il peut avoir trop mal au moment d’aller à la selle. Les douleurs peuvent provenir du pourtour de l’anus si l’animal présente une affection recto-anale. Il se peut aussi que votre chat ne soit plus capable de prendre ou de maintenir la position de défécation à cause de la douleur par exemple s’il souffre d’arthrose.
  • Les selles peuvent être devenues trop dures si l’alimentation de votre chat manque de fibres, s’il a un apport en eau insuffisant ou s’il a ingéré des poils ou des os.
  • Les selles peuvent être bloquées par une obstruction au niveau du colon, qui peut être expliquée par de nombreuses raisons, comme la présence d’un corps étranger dans le tube digestif, de polypes, de tumeurs, de hernie ou d’une fracture du bassin (due à un accident de la voie publique par exemple).
  • La fonctionnalité du colon peut être altérée par un problème neuromusculaire (il ne peut ainsi plus se contracter) ou par des troubles ioniques (les ions sont des composants du sang comme le sodium, le potassium ou le calcium, ce dernier est nécessaire notamment pour les contractions musculaires des parois du colon).

Il se peut aussi que la cause ne soit pas connue, on parle de constipation idiopathique.

Quels examens pour rechercher la cause de la constipation ?

En cas de constipation chronique ou récurrente, le vétérinaire peut proposer de faire un bilan sanguin à votre chat pour rechercher d’éventuels troubles ioniques, des radiographies abdominales peuvent être proposées pour regarder l’état de dilatation du colon, la présence d’un corps étranger ou une anomalie de la colonne vertébrale. Si la radiographie abdominale est normale, une échographie abdominale peut être ensuite réalisée pour explorer la présence ou non de masses, ou une radiographie du bassin pour déceler une éventuelle fracture ou déformation due à un traumatisme. La partie terminale du gros intestin appelée rectum peut être explorée par endoscopie à la recherche d’une masse ou d’un processus de cicatrisation qui en diminueraient son diamètre.

Les radios du bassin sont plus fréquentes chez les chats que chez les chiens, qui sont beaucoup plus régulièrement victimes d’accidents de la voie publique. Le choc produit par la collision peut engendrer des déformations au niveau du bassin voire des fractures qui peuvent conduire par la suite à des troubles digestifs. Une fois la cause de la constipation déterminée, un traitement peut être mis en place.

Les traitements de lutte contre la constipation

La prise en charge des constipations peut se faire de manière thérapeutique et/ou alimentaire.

Pour une constipation occasionnelle, le traitement consiste à traiter les symptômes du chat uniquement. Le traitement varie selon la présence ou non d’un fécalome (formation d’une masse dure et volumineuse dans la dernière partie du tube digestif).

  • S’il n’y a pas de fécalome, des laxatifs ainsi que des purgatifs peuvent être utilisés. Attention, les purgatifs sont irritants pour la muqueuse intestinale, ils sont donc à utiliser occasionnellement.
  • S’il y a un fécalome, les purgatifs et laxatifs ne sont pas suffisants. Il faut effectuer un lavement à l’eau tiède pour déliter la masse formée jusqu’à la vidange complète du colon. Cet acte est pratiqué sous anesthésie générale. Une radio de contrôle sera nécessaire par la suite, et des laxatifs seront prescrits pendant une à trois semaines pour assurer une bonne reprise du transit.

Pour traiter une constipation chronique, il vaut mieux prendre en charge la cause. De manière générale, il faut limiter les facteurs de risque, par exemple il est conseillé de stimuler la prise de boisson et l’activité, de faire maigrir le chat s’il est en surpoids, ou encore de brosser les chats à poils longs. On peut mettre en place les traitements symptomatiques vus précédemment auxquels il peut être envisageable d’adapter l’alimentation du chat. Il est possible de moduler la proportion de fibres alimentaires en fonction des effets cliniques voulus. Sinon, une ration ménagère peut être proposée mais elle doit être conçue par un nutritionniste pour être équilibrée et adaptée aux besoins de votre chat.

Dans certains cas s’il n’y a aucune amélioration malgré un traitement alimentaire et thérapeutique, la quasi-totalité du colon peut être retirée chirurgicalement. Ce n’est cependant pas une opération bénigne, car elle engendre très fréquemment une diarrhée chronique à vie.

L’évolution de la constipation va ensuite dépendre de l’état général de l’animal, et des résultats des analyses de sang. Des récidives sont fréquentes, mais un traitement à vie est possible pour maitriser ce trouble digestif.

Que faire et quand consulter mon vétérinaire ?

Vous pouvez surveiller les selles de votre chat, en particulier leur fréquence, le volume, la présence de douleur pendant la défécation ou la présence de saignement léger dans les fèces. Si votre chat a beaucoup de mal à déféquer et tente de le faire plusieurs fois en vain, semble avoir mal lorsqu’il est à la litière, ou s’il a le ventre dilaté ou douloureux, pensez à contacter votre vétérinaire.